AUX CONFINS D'UN MONDE - 10

Semaine 10

Il paraît que le terme « déconfinement » n’est pas répertorié dans les dictionnaires. De quoi en être déconfit ! Il y a en tout cas une chose que l’on peut jurer – en ces temps où il est si difficile de parier sur l’avenir – c’est que cet oubli sera réparé dans les éditions 2021 du Robert ou du Larousse. En tout cas, cette non-existence lexicale me conforte dans ma décision de parler de « confinement – phase 2 » pour la période qui va nous mener au moins jusqu’au début du mois de juin.

La semaine dernière se terminait donc par le « pont » de l’ascension. Nous en avons profité pour monter de chez nous jusqu’à Rothéneuf où des amis (ils se reconnaîtront) avaient eu l’excellente idée de nous prêter leur appartement. Grâces leur en soient rendues ! Et puisqu’il est question de grâce, je ne peux m’empêcher de vous faire partager une plaque commémorative apposée sur une sorte de mini-chapelle accolée au pignon d’une maison de cette charmante banlieue malouine…

                                                                               

… 400 années de prière(s) ininterrompue(s) ! Voilà un exploit bien supérieur à la découverte par le même Jacques Cartier des brumes de Saint-Pierre et Miquelon, de l’embouchure du Saint-Laurent et, par extension, de la Belle Province et du vaste Canada.

Rothéneuf, c’est une côte découpée aux criques et plages hélas, pour la plupart, toujours interdites, même de manière « dynamique » alors que les gens s’entassent sur le sable du Sillon. Paradoxalement, les mêmes maires qui ont milité pour l’ouverture de leurs plages menacent maintenant, et ont parfois mis leur menace à exécution, de les fermer. « Rien n’est constant dans ce monde que l’inconstance » écrivait Jonathan Swift…

                                                                                       

                                                                                                               

Ce sont aussi les rochers sculptés par l’Abbé Fouré qui oeuvrait dans la même catégorie nationale que le douanier Rousseau ou le facteur Cheval (Antonio Gaudi était dans une division bien supérieure et dans la prestigieuse Barcelone). C’est sa chapelle Notre-Dame-des-Flots établie dans une ancienne guérite de surveillance côtière à l’époque où il fallait se méfier de l’Anglais, notre héréditaire ennemi, ou à celle où le contrebandier nocturne tentait de déjouer la vigilance du gabelou tout aussi nocturne.

                                                                                              

C’est également les kilomètres de sentiers qui filent vers Saint-Malo d’un côté, vers Cancale de l’autre. Et sur ces sentiers, certains courent, d’autres, plus nombreux, marchent. Des groupes se croisent en essayant de respecter la fameuse distanciation sociale. Pas toujours facile mais chacun y met du sien. C’est l’occasion d’un sourire, d’un bonjour, de quelques mots. On sent, dans l’ensemble, un plaisir d’être enfin autorisé à profiter de ce que la nature offre. Avec quelques personnes, les échanges sont plus longs. C’est comme si, après être restés confinés, certains ressentaient le besoin de se confier. Il est vrai que, de « confiné » à « confié », le chemin est court. Presque le même mot, le / la ( ?) « n » en moins. Avec l’espoir que ce ne sera pas qu’un feu de paille.

Quant à vous, prenez soin de vous.

Je vous embrasse… virtuellement