POUR SE SOUVENIR.

C’était il y a environ 45 ans. Sous la direction de Louis Boullé nous étions quelques-uns du collège de Liffré (qui ne s’appelait pas encore Martin Luther King) à jouer dans un « livre vivant » réalisé à partir de On Chantait rouge de Charles Tillon (Quel honneur d’avoir pu côtoyer ce grand honnête homme, grand résistant, à cette occasion !).

Le spectacle mêlait des extraits du livre de Tillon et des chansons. Parmi celles-ci Strophes pour se souvenir, plus connue sous le titre L’Affiche Rouge interprétée par un des comédiens, Hervé Roussel. Je la découvrais.

Le texte a été écrit par Louis Aragon en 1955. Plus tard Léo Ferré l’a mise en musique.

Certes on peut critiquer « La rime racoleuse d’Aragon et d’Elsa » comme le fait Hubert-Félix Thiéfaine (une de mes chanteurs préférés, soit dit en passant) dans Karaganda (Camp 99).

Mais pour ce texte non.

Ce poème je l’ai souvent fait lire, étudier, écouter lorsque j’exerçais mon métier de professeur de lettres. Jamais sans un pincement au cœur.

Et voilà que, jeudi 22 février, Missak Manouchian et sa Mélinée, son « orpheline », viennent de faire leur entrée au panthéon. Je n’ai pas suivi la cérémonie. Mais je viens de visionner la vidéo où le groupe Feu ! Chatterton, et son chanteur Arthur Téboul interprètent cet hommage aux 23 résistants étrangers « et nos frères pourtant ». Interprétation toute en sobriété. Interprétation où la voix est celle du cœur. Interprétation poignante. Magnifique interprétation.

Et voilà que je ne peux empêcher une larme de couler sur ma joue.

Et voilà que j’ai besoin de partager ce moment :

 https://www.youtube.com/watch?v=YaA3R3ghrV4

et, en prime, puisqu’il est question de poésie, de musique et d’engagement :

« La poesia es un arma cargada de futuro » (Poème de Gabriel Celaya, mis en musique et chanté par Paco Ibañez : https://www.youtube.com/watch?v=bKnEaCweikg ).

Bonne écoute. 

PS : ce n’est pas le lieu ici de polémiquer sur la cérémonie. Mais je me permets une remarque. Que venait y faire la représentante d’un parti qui, dédiabolisation ou pas, puise ses origines parmi ceux qui, pendant la guerre, étaient du côté des bourreaux de Manouchian et ses camarades, un parti qui, c’est le moins qu’on puisse dire, ne fraternise pas avec les étrangers ?

La République s’honore en invitant tous ses représentants à ce genre de cérémonie.

Mais une invitation, on peut l’accepter ou la décliner.

Il me semble que la plus élémentaire décence aurait voulu que…