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les mots de Momo
19 mai 2020

AUX CONFINS D'UN MONDE - 9

Semaine 9

« Déconfinement – phase 1 ». Sans doute, comme moi, vous avez entendu ou lu ce genre d’expression pour évoquer la période qui débute pour s’arrêter à une date… indéterminée. Personnellement je préfère dire « confinement – phase 2 ». Jeux sur les mots me direz-vous. Pas vraiment. Entre les deux formules, la perspective, le point de vue, l’angle d’approche ne sont pas les mêmes. Certes, le périmètre du confinement s’est élargi jusqu’à 100 kilomètres. Certes, vous n’avez plus besoin d’une attestation dérogatoire pour sortir de chez vous. Malgré tout, cela reste un confinement, adouci, amolli, c’est vrai, confinement tout de même. Le déconfinement, le vrai, ce sera lorsque les limites imposées auront disparu, lorsque la loi d’urgence sanitaire sera abrogée. « Confinement – phase 2 » donc.

Ça peut sembler anecdotique, mais la perspective, le point de vue, l’angle d’approche sont des notions que l’on retrouve dans différents domaines. Prenons une photo. Reflète-t-elle toujours la réalité ? J’ai lu dans un article du Figaro (Eh oui ! Il peut y avoir des informations intéressantes dans beaucoup de journaux, y compris dans Le Figaro) un article qui part d’une photo censée représenter plusieurs personnes qui ne semblent pas respecter la fameuse distanciation sociale. En parallèle, un second cliché montrant la même scène, mais saisie de manière plus large. Constatation : il y a bien un mètre, et sans aucun doute davantage, entre chaque personne. Non seulement l’angle de prise de vue n’est pas le même, mais la première photo est prise avec un téléobjectif qui, mes amis photographes le savent, a pour effet d’écraser les distances.

                 

                                                          Jemmapes1

                                                                                                               Jemmapes2

 

Idem avec les chiffres. Ceux des victimes du COVID-19 que les journaux égrènent quotidiennement. De quoi parle-t-on : Du nombre de gens touchés par le virus ? Du nombre d’hospitalisés ? Du nombre de morts ?... Ce dernier chiffre, en France, approche les 30 000 soit, selon Ouest-France de samedi dernier, 420 décès pour 1 million d’habitants. Si je sais encore calculer, en pourcentage, cela fait 0,042 %... Il ne s’agit en rien de minimiser, il y a toujours trop de morts, trop de malades. Simplement de montrer que suivant le nombre mis en avant, vous pouvez créer chez le citoyen de l’angoisse ou favoriser un soulagement.

Ceci posé, j’ai tout de même profité de l’espace de liberté qui m’était proposé. Lors de ma première sortie post-confinement-strict, je me suis surpris à être heureux de voir, entre le plan d’eau et la place de la Cale, que les boulistes étaient de sortie. Double signal : qu’il faisait beau et qu’un semblant de normalité était de retour. Croisé également quelques promeneurs souriants et de petits groupes d’ados. Tout cela, que je remarque à peine d’habitude, le quotidien dans toute sa banalité, m’a fait un bien fou, d’autant que les conseils régulièrement donnés étaient globalement respectés. Même chose samedi pour notre première visite à la mer depuis deux mois. Du monde, normal après 8 semaines, des gens contents de partager le bon air iodé de la côte.

Evidemment, certains medias ont fait leurs choux gras de quelques marginaux rassemblements urbains, utilisant parfois des photos biaisées (cf. plus haut). La peur, ça fait vendre !

J’ai cru remarquer qu’il y avait moins de chiens à être promenés, moins de joggeurs à suer sang et eau. Peut-être une simple impression. Peut-être ne suis-je pas sorti aux bonnes heures. Je n’exclus pas non plus, de ma part, une certaine dose de mauvaise foi.

Au fait, cela fait quelques épisodes que je n’ai pas parlé de mon écureuil-mascotte. C’est que je ne le vois plus ni sur ma pelouse ni sur ma terrasse. J’imagine que, comme tout le monde, huit semaines durant, il ne s’est déplacé que dans un rayon d’un kilomètre autour de son arbre. Aujourd’hui, son champ d’action s’est agrandi. Il en profite. Cours, écureuil, cours.

Je me suis donc trouvé un autre totem : facile à s’auto-confiner, limité dans ses itinéraires et, symbolique au moment où un certain nombre de personnes se sont rendus compte que leur vie était prise dans un tourbillon de rapidité, toujours plus vite, toujours plus vite, animal d’une louable lenteur. Jai nommé :

 

                                                                                 escargot

L’ESCARGOT.

Je ne voudrais pas conclure cette chronique sans un conseil : lire, si vous en avez la possibilité, l’interview donnée par la comédienne et metteuse en scène de théâtre Ariane Mnouchkine (81 ans – guérie du COVID-19) dans le dernier numéro de Télérama. Une analyse lucide. Une colère saine, fondée, mesurée, de bon sens. Loin d’autres colères qui   tournent à vide, se nourrissent de tout et de rien, et finissent par s’enrouler sur elles-mêmes.

 

                                                                                   Mnouchkine

 

Quant à vous, prenez soin de vous.

Je vous embrasse… virtuellement

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