(N)OUILLE ! OUILLE ! OUILLE !

Une question pour commencer ? Entre l'affaire Cahuzac et les rodomontades de la Corée du Nord, qu'est-ce qui vous semble le plus important ?

Si je pose la question, c'est que les gorges chaudes faites autour des mensonges éhontés de notre ex-ministre du budget commencent à me gonfler (surtout venant de certaines personnes jouant les vierges effarouchées, alors que !...) et que je viens de terminer le livre que Jean-Luc Coatalem vient de publier chez Grasset et qu'il a intitulé : Nouilles froides à Pyongyang.

Résumons : J-L Coatalem, journaliste à Géo, se fait passer pour un agent de voyage afin de pouvoir entrer, avec son ami Clorinde (qui n'est peut-être qu'un ami littéraire), dans le pays le plus fermé du monde sous prétexte de mettre cette destination si rare à son catalogue. Des quelques jours passés chez les Kim, il tire un carnet de voyage qui prête à la fois au rire par le ridicule de certaines situations et à l'effroi par la réalité de ces mêmes situations.

Outre le narrateur et son ami, le livre nous présente 6 personnages principaux : Kim-Il-Sung, le fondateur de la dynastie dictatoriale, Kim-Jong-Il, son fils et continuateur, Kim-Jong-Un, petit-fils du premier, fils du second et continuateur du continuateur, Kim 1, le guide officiel, Kim 2, le guide non-officiel chargé de surveiller Kim 1 et peut-être suveillé par lui et Kim 3, le chauffeur dont on ne nous dit pas s'il surveille ou est surveillé, sans doute les deux.

Visiblement, le pays est peuplé d'une quantité d'autres Kim faméliques, sortes de hubots malgré eux, dont le narrateur nous parle peu, ce qui est sans doute dommage, encore aurait-il fallu qu'il puisse les rencontrer !

On s'en doutait, mais à la lecture de l'ouvrage, on en a la confirmation : Kim est la traduction en Coréen (du Nord) de notre Ubu. Il n'y a pas, dans cette dernière dictature communiste (à côté Cuba est un paradis), que les nouilles qui soient foides, les sueurs dans le dos également. Et on pense à toute cette population invisible qui tente de survivre dans la misère la plus noire (ou rouge si vous préférez). Même nos visiteurs sont soumis aux hôtels sans eau ni électricité ou alors occasionnellement et quasi-miraculeusement et à une nourriture digne du plus draconien des régimes (alimentaire et politique), encore peuvent-ils se déplacer (les hubots coréens ont besoin d'un visa pour passer d'une province à une autre), même si c'est sous une constante surveillance... Froid dans le dos je vous dis.

Et ce livre me rappelle la Bande Dessinée de Guy Delisle sobrement intitulée Pyongyang, publiée par L'Association il y a plus de 10 ans. A l'époque, Guy Delisle a passé deux mois chez les Kim-Ubu pour superviser la production d'un dessin animé. Depuis lors, rien n'a bougé. Triste impression d'un Empire immobile où la délation serait le sport national, le silence un moyen de protection et le mensonge d'Etat un mode de gouvernement et, pour la caste au pouvoir, un véritable mode de vie.

Alors, lisez Pyongyang, Lisez Nouilles froides à Pyongyang, lisez les journaux qui, ces jours-ci, parlent des velléités guerrières du petit-fils. Vous relativiserez les dégâts (ô combien réels et dévastateurs) des mensonges de Cahuzac.

Un conclusion tout de même, surtout aujourd'hui où j'ai lu que notre ex-ministre menteur envisageait de se représenter à la députation, s'il y a un point commun entre lui et Ubu-Kim-3, c'est bien que, pour paraphraser Audiard (je crois, vous vérifierez), les c... se reconnaissent à ce qu'ils osent tout !