Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
les mots de Momo
30 décembre 2012

IRA ? IRA pas ?

J'ai du retard dans mes lectures. Le livre dont je veux parler aujourd'hui est déjà paru depuis plus d'un an. Il est écrit par Sorj Chalandon, est présenté comme un roman et s'intitule Retour à Killybegs. En quelques mots, il raconte l'itinéraire, depuis les années 1920 jusqu'en 2006, d'un Irlandais qui deviendra militant de l'IRA, montera en grade dans cete armée clandestine et finira "traître".

La construction de l'ouvrage est globalement chronologique, mais entrecoupée par des chapitres situés en 2006, soit à la fin de l'histoire, ce qui rompt la monotonie d'un récit qui pourrait être trop classique et y ajoute une dose de suspens. C'est extrêmement bien écrit : phrases souvent brèves, tranchantes comme une épée, rudes comme des coups de poing, rugueuses comme l'accent de Dublin (ou de Belfast), belles pour tout dire.

Quant à l'histoire de ce Tyrone Meehan, elle fait froid dans le dos. Tout y passe : sa jeunesse entre une mère extrêmement pieuse et un père nationaliste mais aussi alcoolique et violent, la situation irlandaise dans les années de braise, l'intransigeance bornée de la politique anglaise, celle de Maggie Thatcher en particulier qui laissera plusieurs militants mourir après plus de 2 mois de grève de la faim, l'intansigeance tout aussi bornée de l'IRA, ou du moins de certains de ses membres, qui mène, dans les années 1940, à soutenir les nazis parce que l'ennemi commun est l'Angleterre (ça fait peur !). On est à la fois fasciné et horrifié par les conditions de vie (est-ce vraiment le mot ?) dans la prison de Long Kesh : ces prisonniers qui refusent l'uniforme des droits communs puisqu'ils se considèrent comme "politiques", vivent nus sous une couverture, tapissent les murs de leur cellule de leurs excréments car ils refusent de sortir, même pour se rendre aux toilettes. Tout cela on le sait, on l'a lu, on l'a su, jamais on ne l'avait quasiment vécu de l'intérieur comme dans ce roman. On est, à son corps défendant et avec mauvaise conscience, obligé de constater l'efficacité des services secrets britanniques qui parviennent à retourner le héros en jouant sur son sentiment de culpabilité (je vous laisse découvrir pouquoi)  et à en faire un indicateur, un traître, dont cependant, le lecteur comprend les raisons...

Bref, un livre fort dont personne ne sort indemne, ni les Brits, ni l'IRA, ni le lecteur. Dans mon entourage, on me dit que si j'ai aimé Retour à Killybegs, je devrais adorer Mon traître, du même auteur. Problème : j'ai déjà adoré Retour à Killybegs...

Publicité
Publicité
Commentaires
les mots de Momo
  • Il s'agira de donner des avis sur des lectures et sur des événements culturels en général. Mais des éléments portant sur l'actualité ou sur des voyages ne seront pas oubliés. Le tout, si possible, avec de l'humour et de l'humeur.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité