Du coq à lame
"Amusant comme ceux qui se plaignent de payer trop d'impôts n'ont jamais l'impression de gagner trop d'argent".
C'est un dénommé Jérémy de Reims qui écrit cela dans le courrier des lecteurs de Télérama cette semaine. Jérémy, je ne te connais pas, mais tu es parvenu à synthétiser en quelques mots ce qui devrait être une évidence pour tout le monde sauf... pour ceux qui gagnent beaucoup d'argent !
Question argent et impôts, voilà donc qu'un coq gaulois se découvre soudainement l'âme slave. Et découvre que la Russie st une grrrrrrande démocratie où certainement jamais ce coq n'aurait été traité de "minable" par le gentil M. Poutine. Passons sur le fait que notre premier ministre s'est contenté de dire que le "comportement" de notre coq gaulois était minable. Le comportement ! Pas le coq lui-même ! Nos journalistes devraient savoir lire, mais bien peu semblent avoir remarqué cette subtilité de langage. Le coq non plus ! Mais il ne faut sans doute pas trop lui en demander ! On peut cependant penser que si jamais notre coq se fâche avec le grrrrrrrand démocrate, "minable" ne sera que la moindre des insultes qui lui sera adressée. Les exemples ne doivent pas manquer. Je compte sur nos subtils exégètes journalistiques pour les énumérer.
Je crois que je m'égare. Ce n'est pas vraiment de cela que je voulais parler, mais quand même, avouons que si le ridicule tuait, notre coq ne chanterait plus après la lettre où il ne tarit pas d'éloges sur la grrrrrrrande démocratie. Il serait d'ailleurs rejoint par une autre ancienne poulette trop sensible qui menace elle aussi d'aller goûter au charme slave si on euthanasie deux éléphants malades. Sûr que ce n'est pas le grrrrrrrand démocrate qui autoriserait cela ! Sans compter les dégâts colatéraux tel ce twitter qui dans un poulet électronique qualifie Philippe Torreton de "petit". On peut ne pas aimer Torreton (c'est ton droit, mon poulet !), mais quand on l'a vu jouer le Scapin de Molière, se dédoubler, se détripler et davantage dans la scène du sac, le traiter de "petit", voilà qui est mesquin. Non vraiment, le ridicule ne tue plus ! Heureusement ? Malheureusement ? Je ne me donnerai pas le ridicule de trancher.
En fait, j'en arrive à mon sujet, qui n'a rien à voir avec ce qui précède. Je voulais vous parler du dernier livre de Linda Lê, Lame de fond. Un de ces romans où se succèdent plusieurs points de vue. Quatre personnages s'expriment à la première personne : un mort, sa femme, sa fille, son amante qui se révèlera être davantage que son amante. Et ces personnages eux-mêmes font vivre, par leur discours, d'autres personnages et toute une époque, disons les années 60-70 et au-delà, le Vietnam, les hippies, la drogue, les contraintes morales, les revendications libertaires... On peut reprocher à ce roman une construction un peu systématique : 4 personnages, 4 parties. On peut aussi penser que l'intérêt s'émousse à la fin de la deuxième partie lorsque l'on a la confirmation de ce qui jusqu'alors n'était que suggéré (Ne comptez pas sur moi pour vous en dire davantage. Lisez !). Cela n'empêche pas de constater que, par touches successives, c'est la complexité de la nature humaine qui est saisie : personne ne peut être réduit à un élément de sa personnalité. On est en droit de préférer ce genre de littérature qui enrichit à d'appauvrissantes polémiques portant sur l'argent de ceux qui n'en manquent pas.
J'ai fermé le livre. J'en ai cherché un autre dans ma bibliothèque. J'y ai découvert un autre Lame de fond. Celui-là est de Minette Walters, un thriller à en croire la quatrième de couverture. Minette Walters est anglaise. Elle l'a publié en 1998. So titre original : The Breaker. Mystère des traductions...
Peut-être en parlerai-je... quand je l'aurai lu... et bien lu !