CONDITIONNEL FUTUR

Une définition dans une grille de mots croisés : « propos sans intérêt ». En 9 lettres. Un mot à proposer ? « blablabla » : j’y avais pensé aussi mais ça ne collait pas avec le reste. Autre chose ? Non ? Vous donnez votre langue au chat ? Bon ! Je ne vous fais pas languir plus longtemps. La réponse est (et je vous jure que je ne suis pas en train de vous en raconter) « sornettes ». Je ne sais pas si Jean Castex en a débitées jeudi soir. Je ne l’ai pas écouté. Simplement entendu des bribes, des commentaires, lu quelques articles autour de son intervention. Trois remarques :

1)      Dans Le Guépard de Giguseppe Tomasi di Lampedusa, et le film éponyme de Luchino Visconti, il y a cette célèbre phrase prononcée par Tancredi : « Il faut que tout change pour que rien ne change. » Version Castex : « Il faut que rien ne change pour que tout reste pareil » (traduction non homologuée). Bref, statu quo jusqu’au 1^er décembre.

2)      Et après le 1^er décembre ? Les commerces non-essentiels ? « Peut-être… C’est possible… il se peut que… (sous-entendu si vous êtes sages) ». Les bars ? Les restaurants ? Le sport ? « Trop conviviaux ! ». Et en ce qui concerne la culture ? « Culture… Culture… Ce mot me dit vaguement quelque chose, mais… ».

3)      Un conseil pour mes (ex) collègues profs de lettres (Ne vous fiez pas au titre de cette chronique ; j’en fus un) : il vous est conseillé d’utiliser le discours du premier ministre pour étudier le conditionnel, l’hypothétique, l’éventuel. Peut-être bientôt dans les programmes officiels.

Quant au futur, il semble conditionné à un vaccin. J’avais, il y a deux semaines, évoqué dans une parenthèse « le virus de l’anti vaccination ». Je m’attendais à des réactions (normal quand on parle de vaccin) plus ou moins virulentes. J’en ai eu une. Pas question ici de revenir sur la polémique, mais parlons de l’hypothétique vaccin souvent présenté comme un espoir, voire le seul, de vaincre le virus. Même pour un défenseur de la vaccination des doutes subsistent :

-          En raison justement de l’hostilité des anti-vaccins. Un ami me rappelle que nous sommes le quatrième pays occidental par le nombre de personnes opposées à la vaccination.

-          En raison de la méfiance de la population face à l’exceptionnelle rapidité de l’éventuelle mise sur le marché de ce vaccin. Selon le même ami il faudrait que quasiment 100 % de la population se fasse vacciner pour qu’il soit vraiment efficace.

-          En raison, cette année, des difficultés à fournir le vaccin anti-grippal. Mis à disposition le 13 octobre, le soir du même jour mon pharmacien avait écoulé son stock. Un mois est passé et ce n’est que jeudi dernier (12 novembre donc) que nous avons pu l’obtenir.

Alors peut-être que plutôt que compter sur un futur hypothétique, il vaudrait mieux, au présent, apprendre à vivre avec le virus, et quand je dis « vivre » c’est au plein sens du terme. Ce qui ne se résume pas à faire n’importe quoi, encore moins à un Je fais ce que je veux au nom d’une liberté individuelle mal comprise. Nouvelle déclinaison du renard libre dans le poulailler libre.

            Ce « moi d’abord », « ma liberté d’abord », c’est l’argument entendu de la part de partisans de l’ineffable Donald. "Les autres ? Quels autres ?... La société ? Quelle société ?... ". « Moi avant la majorité » : voilà le message du bouffon de la Maison Blanche. Il a perdu, mais il s’accroche. A ce propos avez-vous remarqué que parmi les pays qui n’ont toujours pas reconnu la victoire de Joe Biden (« reconnu », pas forcément salué ou fêté) ou attendent un éventuel retournement de situation, la plupart sont des dictatures ? Avez-vous remarqué également que, dans notre pays, il y a un parti qui se place dans cette configuration, parti que je ne nommerai pas de crainte qu’un virus infecte mon ordinateur (bis repetita placent) ? Dans un monde qui tournerait rond la conclusion se tirerait d’elle-même. Ça ne semble pas être le cas. Et pas de vaccin contre cela.

            Blablabla, les réseaux dits sociaux parlent beaucoup d’un film intitulé Hold Up, un documentaire qui, comme son titre l’indique, semble être une arnaque surfant sur le complotisme ambiant. Je ne l’ai pas vu et ne suis pas sûr d’avoir envie de passer 2 h 43 à écouter ce qui est souvent présenté comme des… sornettes.

            Et pour terminer, je voudrais remercier le dessinateur Chaunu auquel j’ai emprunté trois petits mickeys sans lui demander son autorisation. Il me pardonnera d’autant plus facilement qu’il n’en saura sans doute rien.