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les mots de Momo
19 janvier 2021

JE VOUS METS LE (COUVRE-)FEU.

COUVRE-FEU : définition classique de mots croisés. En 6 lettres = suaire. En 7 lettres = linceul. Rien de très gai. Sans compter que, dans notre imaginaire collectif, le terme fait référence à une des périodes les plus noires de notre Histoire (relativement) récente. Les mots ont un sens. Pas sûr que couvre-feu soit bien choisi. Un psychanalyste pourrait nous dire tout ce que son usage révèle, tout ce qu’il dévoile d’inconsciente (ou pas) volonté. Je ne suis pas psychanalyste, mais on voit bien tout de même ce qu’il y a derrière.

Le feu c’est la vie. (Au passage, bizarrerie de la langue, il désigne aussi un mort. Mon ami Petit Robert m’apprend que l’un est dérivé de focus = foyer et l’autre de fatum = destin. C’était ma parenthèse à-défaut-de-vous-mettre-le-feu-je-vous-en-mets-plein-la-vue). Le couvrir c’est donc l’empêcher de vivre, d’exister (en quelque sorte d’en faire un feu feu). Jusqu’à présent, on ne couvrait le feu qu’à 20 heures. Désormais c’est 18 heures. J’ai lu quelque part que Stanislas Guérini, délégué général de La République En Marche, aurait déclaré qu’il s’agissait ainsi d’éviter les apéros. Quelqu’un, mon fils pour ne rien vous cacher, a une autre lecture : « Jean Castex vient d’avancer l’apéro à 16 heures ». Résultat : comme un apéro en appelle un autre et qu’on le commence plus tôt, d’ici quelques temps nous aurons tous le foie rongé par l’alcool et deviendrons feu à cause du couvre-feu. N’ayant plus personne à se mettre sous la dent (à condition qu’il en soit muni) le virus sera éradiqué.

 

                                                                  apéro   

Ne vous y trompez pas ! La dérision est ici une manière de rester vivant, autrement dit de faire preuve de savoir-vivre. Car, entre 6 heures et 18 heures, pas grand-chose pour nous faire exister : restaurants et bars fermés, sans doute pas prêts d’ouvrir à nouveau… pour ceux qui le pourront ; vie culturelle réduite à près de zéro et ce n’est pas non plus demain que ça risque  de changer ; vie sociale de plus en plus réduite avec les conséquences tragiques que ça génère : ennui, stress, déprime, désespoir, suicides… Que reste-t-il sinon s’entasser dans les transports en commun bondés pour aller travailler ou dans des grandes surfaces surpeuplées pour consommer ?

 

                                                                           fermetures

L’impression générale, sans doute réelle, c’est que nos gouvernants, et pas seulement les nôtres, naviguent à vue. On peut le comprendre. Le problème n’est pas tant dans certaines mesures qui sont prises que dans des incohérences, des montages et démontages d’usines à gaz, un manque de transparence (qui décide quoi ? Selon quelles données ? Qui donne les données ?...). Bref, l’impression d’entendre davantage des éléments de langage que des arguments franchement convaincants. Sans oublier ce sentiment d’infantilisation : Bon ! On essaie le couvre-feu, mais si ça ne marche pas, si vous n’êtes pas sages, on sera obligé de sévir, de vous reconfiner… Citoyen puni pour mauvaise conduite..

Aujourd’hui, un des mots à la mode est série qui a remplacé le joli feuilleton. Et ce n’est pas seulement à la télé, mais dans la vie courante. Un exemple : le feuilleton (je préfère utiliser ce terme : on a l’âge qu’on a) de la vaccination. Les vaccins se préparent. Les vaccins arrivent. Les vaccins sont là. Mais pas de précipitation. Trop lent. Ça râle. Le feu couve. Le chipotage fait long feu. On accélère. Mais y aura-t-il suffisamment de doses ? Suspens… comme dans tout bon feuilleton. En attendant, les vaccins sont là et puisque c’est peut-être (on n’est jamais trop prudent) une planche de salut, sautons dessus plutôt que de faire la fine bouche.

 

feux de l'amour

Autre feuilleton, Anglais celui-là, Brexit. Quatre ans qu’il nous tient en haleine. Saison 1 usée jusqu’à la corde. Quoique loin d’être terminé, il disparaît des écrans, remplacé par le nouveau Le Variant Britannique. Alors exit Brexit ? Que nenni ! Vous avez aimé la première saison, vous adorerez les saisons 2, 3, 4… quand Le Variant Britannique aura cessé de nous faire des misères.

Et un dernier pour la route, Américain, c’est inévitable : War of Thrones. Dès demain, Joe Biden devrait prêter serment et devenir le 46ème Président des Etats-Unis. Le pourra-t-il en  toute sérénité ? Quid de l’attitude des hordes trumpistes ? Ouvriront-ils le feu ? Quid de celle du bouffon éructant ?... Nouvel, et sûrement pas dernier, épisode d’un feuilleton dont on se souvient trop bien quand il a commencé.

 

game of thrones

Quant à mon propre feuilleton, vous avez peut-être au printemps dernier suivi la saison 1 : Aux confins d’un monde. Nous en sommes à la saison 2 et, je l’espère, la dernière. Une seule hâte : qu’elle s’arrête bientôt. Je préfèrerais poursuivre mes Choses Vues (il n’est pas incongru de convoquer le fantôme de Victor Hugo afin qu’il m’autorise à emprunter ce titre) arrêtées après 3 épisodes. Encore faudrait-il qu’il y ait des choses à voir…

 

victor hugo

Au moment où j’écris des lignes, il n’est pas 18 heures, mais jusqu’à mardi prochain : couvre-feu.

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