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les mots de Momo
12 janvier 2021

ETRENNES

ÉTRENNES : joli mot hélas, me semble-t-il, aujourd’hui tombé en désuétude. Joli mot qui me ramène quelques décennies en arrière. Joli mot qui illumine les débuts d’année de mes six, sept ou huit ans.

Fin des années 50. Mon père est chef d’une brigade de gendarmerie du Finistère. Nous vivons en caserne, un vieux bâtiment ouvert à tous les vents où il y a encore des écuries mais plus de chevaux. Hormis ceux qui dorment sous le capot de l’antique Juva 4 puis de la 4L qui évitent à nos pandores les longues chevauchées cyclopédiques. Pour le premier de l’an, nous, les enfants, faisons le tour des cinq logements et, après avoir frappé à chaque porte débitons en chœur notre souhait : « Bonne année, bonne santé » auquel, en sourdine, nous ajoutons pour la rime : « Fouille tes poches pour me donner ».

Aujourd’hui cette déambulation enfantine d’une famille à une autre a migré au 31 octobre. Halloween. Américanisation de notre mode de vie.

Cette année cependant l’actualité nous offre des étrennes : un (voire des) vaccin(s) pour faire face à la pandémie. Et ces étrennes, voilà qu’on commence par les rationner chichement (avant tout de même un virage et une accélération). Voilà pour couronner le tout que plus ou moins la moitié de ceux à qui on les offre envisage de les refuser.

 

étrennes

Passe encore que face à la nouveauté et à l’inhabituelle célérité de mise sur le marché, face à des interrogations sur la durée d’immunisation ou les éventuels effets à long terme, on puisse douter, hésiter. Je peux le comprendre étant moi-même passé par ce stade. Mais je suis en colère contre ceux qu’on nomme les anti-vax, ceux qui refusent de se faire vacciner, de vacciner leurs enfants, ceux qui, surtout, incitent leurs concitoyens à résister à la vaccination sous divers prétextes. Ceux-là, et la plupart le savent très bien, profiteront de l’immunité que leur fourniront les minus habens (j’en fais partie) qui se seront fait vacciner.

Minus habens peut-être, mais pas naïf. Je sais que rien n’est efficace à 100 %. Pas plus les vaccins qu’autre chose. 95, 96, 97, 98, 99 % ? Peu importe ! Ce sont les 1, 2, 3, 4, 5 % pour lesquels ça ne fonctionne pas qui focalisent les détracteurs. Le sage chinois montre la lune et les imbéciles regardent le doigt. Nous avons devant nous une forêt et un arbre un peu tordu. Ce dernier obsède tellement certains qu’ils ne voient plus que lui, qu’il leur cache ce qui est pourtant bien plus grand, bien plus beau… Essayez seulement de leur dire que, comme en tout, il faut regarder le rapport entre le bénéfice et le risque, entre le nombre de personnes protégées, guéries, sauvées et le nombre de cas qui posent problème, ils vous répondent que ce ne sont pas seulement quelques cas, mais de nombreux cas (d’où l’intérêt de parler en pourcentage et non en chiffres bruts) et que d’ailleurs ils ont lu sur le sujet une quantité d’articles, de livres etc. (reste à savoir qui les a écrits) et que donc ils savent. Ce serait pathétique s’il n’y avait pas des vies en jeu.

On tremble de savoir quelles auraient été les réactions si internet et ses réseaux dits sociaux avaient existé en 1796 lorsqu’Edward Jenner inocula la vaccine à un jeune garçon de 8 ans, James Phipps, ou lorsque, en 1885, Louis Pasteur reçut le jeune Joseph Meister (9 ans) qui venait d’être mordu par un chien et le sauva de la rage en le vaccinant.

                      

                                                                   jenner

 

                                                                                              Pasteur

Bon ! Je me suis suffisamment répandu sur ce sujet. Trop ? Peut-être, mais pourquoi laisser toujours laisser aux autres le droit de s’exprimer ?

Et puisqu’il vient d’être question de rage, venons-en à un autre feuilleton de ce début d’année : celui qui met en vedette un enragé non vacciné, j’ai nommé l’ineffable Donald Trump ! Et non seulement lui, mais la presque moitié des États-Uniens qui, contre vents, marées, tempêtes et ouragans, continuent de le soutenir.

 

Donald Trump

Selon son habitude il a fait fort en mobilisant ses soutiens à Washington le jour où le Parlement devait certifier la victoire de Joe Biden et en les chauffant à blanc. Suite à sa diatribe, ces derniers envahissent le Capitole dans un coup d’Etat d’opérette. Et voilà notre Donald contraint de les condamner mollement et d’avouer du bout des lèvres qu’il ne fera pas de second mandat. Et le voilà qui, contrairement à son habitude cette fois-ci, appelle au calme et la réconciliation. Bravo l’artiste pour cette séquence tragico-pathétique ! Ce qui s’appelle jouer à qui gagne perd.

Dernière chose, les courageux « organisateurs et organisatrices de la rave party du nouvel an à Lieuron » (c’est ainsi qu’ils signent) se sont fendus d’une tribune libre dans Libération du 5 janvier. Lecture édifiante de ce plaidoyer pro domo où ces anonymes se dédouanent de tout (on n’est jamais mieux servi que par soi-même) et d’où il ressort que les teufeurs du 1er janvier n’étaient qu’une gentille bande de bisounours doux comme l’agneau qui vient de naître et respectueux des gestes barrière (ce que dément la photo qui, dans Libération.fr, accompagne la tribune. Ironie ?).

 

lieuron

Peut-être pas de quoi fouetter un pangolin. Pathétique de nouveau. Ce pourrait être le mot de ce début 2021.

Personnellement, je préfère « étrennes ».

 

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Commentaires
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