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les mots de Momo
29 janvier 2013

TOUJOURS ITALIE

Il y a comme ça des thématiques. Mon dernier article parlait du roman de Silvia Avallone, D'Acier. Un patchwork d'impressions de lecture. Encore sur le choc : un oubli. Un mot. Pas n'importe lequel : sensualité. Car c'est un livre extrêmement sensuel. Les deux jeunes héroïnes (s)ont des corps qui s'exhibent sur la plage, à travers la fenêtre de la salle de bain, au patinodrome. Un oubli dont un psychanalyste ferait certainement son miel...

Et, comme par hasard, cette même semaine, à Rennes, filmissimo présentait des films italiens. Deux en avant-première que je n'ai pas pu voir et d'autres, tous sortis en 2012. Parmi ceux-ci, deux traitent du problème de l'immigration. La Petite Venise à travers l'histoire toute de pudeur et de retenue de Shun Li, une jeune chinoise employée dans un bar à Chioggia, dans la lagune vénitienne et de Bepi, un vieil immigré yougoslave installé en Italie de puis plus de 30 ans. Ces deux-là vont se trouver au grand dam tant des Italiens pure souche (ou qui se veulent tels) que de la mafia chinoise qui emploie Shun Li. C'est beau, c'est tendre, c'est dur. C'est filmé en demi-teintes. La violence est toute intérieure, mais elle est constamment présente. Une violence morale. La plus douloureuse. Terraferma est plus directement politique : une petite île (le film a été tourné à Lampedusa) où les pêcheurs ont du mal à vivre. C'est tout l'intérêt de la première partie : la vie quotidienne, l'emprise grandissante du tourisme. Bref, le passage d'un mode de vie à un autre. Et puis, il y a ces clandestins que, malgré les lois italiennes, le vieil Ernesto va récupérer sur son bateau. Dès lors, tout bascule. La loi des hommes contre la loi de la mer. L'économie contre l'humanité. Là aussi, de la dureté, de la tendresse, de la violence, de la douleur. Deux films différents mais qui prennent l'un et l'autre le parti des hommes à travers des personnages forts et magnifiques y compris dans leurs faiblesses. Deux films à la fin ouverte. Deux films qui nous interrogent sur l'Italie de Berlusconi, et au-delà, sur le monde où nous vivons.

Piazza Fontana revient sur l'histoire en partant de l'attentat qui, le 19 décembre 1969, a fait 17 morts et 88 blessés en ravageant le bâtiment de la Banque pour l'agriculture à Milan. Le commissaire Calabresi soupçonne d'abord les milieux d'extrême-gauche, puis ceux d'extrême-droite avant de se rendre compte, à la suite de tragiques événements, que c'est une histoire qui dépasse tout cela et qui implique des personnes haut placées dans l'appareil d'Etat et peut-être même d'autres Etats ou organismes internationaux. Manipulations en tous genres. Jamais rien ne sera éclairci. Calabresi paiera son obstination de sa vie. Un film complexe (au début il faut s'accrocher), intense. Un film directement politique qui ramène au cinéma de Francesco Rossi dans les années 70.

A.C.A.B (All cops are bastards) lui met en scène un groupe de CRS italiens, obsédés de l'ordre et prêts à tout pour le maintenir. Une dénonciation de la corruption et de l'impunité de ces "pourris" ? Hélas non ! Comme ces pourris s'attaquent à des militants d'extrême-droite ou à des supporters de foot (ce sont souvent les mêmes) encore plus pourris qu'eux, ils finiraient par paraître sympathiques ! Une grande ambiguïté dans le point de vue. Et puis, scène de violence sur scène de violence. Est-ce en la montrant qu'on la combat ? Tout cela ressemble plutôt à de la complaisance.

Enfin, César doit mourir. Dans la prison de Rebibbia, des détenus (des vrais) montent Jules César de Shakespeare. Les frères Taviani suivent les répétitions, depuis l'élaboration jusqu'à la représentation. Le dispositif est simple et petit à petit, le texte de Shakespeare prend une coloration différente parce que ce sont des prisonniers qui s'en sont emparés (chacun dans son dialecte) et qu'il interfère avec leur vécu. La pièce prend un autre relief et, en retour, elle modifie ceux qui interprètent des personnages à priori si loin d'eux. Si loin. Si proches !

 

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  • Il s'agira de donner des avis sur des lectures et sur des événements culturels en général. Mais des éléments portant sur l'actualité ou sur des voyages ne seront pas oubliés. Le tout, si possible, avec de l'humour et de l'humeur.
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