Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
les mots de Momo
29 septembre 2020

LE P’TIT MONSIEUR QUI FAIT L’ANDOUILLE.

             

IMG_20200916_150014

En partant de la route, le sentier grimpe comme beaucoup d’autres dans cette partie des Monts du Cantal (et s’ils ne grimpent pas, ils descendent… et réciproquement). Sur le bord du chemin, un p’tit monsieur s’active. A côté de lui, un peu dispersés, des outils : des pelles, des pioches, des burins, une barre à mine…, une brouette et des blocs de pierre de différentes tailles, certains de petites dimensions, aisément manipulables, d’autres bien plus imposants qu’on imagine difficilement portés et transportés par le p’tit monsieur.

            Il doit avoir dépassé les soixante-quinze ans, le corps râblé, le teint mat de celui qui passe ses journées au grand air. Sur le côté du sentier il a creusé une rigole de bonnes largeur et profondeur destinée à évacuer les eaux de ruissellement qui, par temps de pluie, dévalent la pente, la parcheminent, la ravinent. Si, en passant, vous lui adressez un petit mot, il abandonne ce qu’il était en train de faire, lève la tête vers vous qui ne pouvez manquer de lire une belle dose de malice, sans doute aussi de roublardise, dans son regard.

            Son chantier ? Si vous n’avez pas deviné, c’est que vous êtes bien moins malin que lui. Mais pourquoi toutes ces pierres de différents calibres ? Ben ! Pour renforcer la rigole sinon au premier orage le bord du sentier - de la terre, monsieur, rien que de la terre - s’éboulera, tombera dans le fond du fossé, le comblera et voilà un travail qui n’aura servi à rien. Et ces pierres, comment les choisir ? Comment les disposer ? Pourquoi celle-ci là et cette autre là-bas ? Ah ! Le coup d’œil, l’habitude, le savoir-faire, la tradition ancestrale… Et ce bloc énorme, derrière lui, comment le déplacer ? Là, pas de réponse, il faut bien conserver une part de mystère, mais un geste des bras qui met en valeur ses muscles et un clin d’œil qui vous charme et vous enlève le besoin d’en savoir davantage.

            S’il trime ainsi une grande partie de la journée, c’est qu’il faut bien le faire, et qu’il aime ça. Ce matin encore, il était là avant le soleil. Sa femme lui avait dit « Va donc faire l’andouille là-haut ». Alors il fait l’andouille. Personne sur le dos. Et ça lui plaît.

            Il se retourne, empoigne le manche de sa pioche et continue son ouvrage en vous gratifiant de son plus beau sourire qui, vous le comprenez, met un terme à la conversation.

            C’est qu’il aime bien bavarder, le p’tit monsieur, mais, vous le comprenez aussi, il ne faudrait tout de même pas que ça l’empêche de faire l’andouille.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
les mots de Momo
  • Il s'agira de donner des avis sur des lectures et sur des événements culturels en général. Mais des éléments portant sur l'actualité ou sur des voyages ne seront pas oubliés. Le tout, si possible, avec de l'humour et de l'humeur.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité