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les mots de Momo
11 février 2020

ELOGE DE L'ÂGE

La semaine dernière, un monument du cinéma, Kirk Douglas, est décédé à l’âge de 103 ans. Sacré bonhomme ! Mais ce n’est pas de lui que je veux parler aujourd’hui. D’autres l’ont fait et avec des compétences bien supérieures aux miennes.

Non ! Aujourd’hui, je veux parler d’un spectacle, une pièce de théâtre, un monologue vu pour la deuxième fois (la première c’était il y a une vingtaine d’années) à Melesse (35) dans la salle Odette Simonneau.

Aujourd’hui, je veux parler d’une femme.

Ce spectacle, pièce de théâtre, monologue s’intitule Je me suis tue. Le texte en a été écrit, et de manière superbe, par Ricardo Montserrat il y a 24 ans. Il est joué par Odette Simonneau dans la salle qui porte son nom, hommage vivant à cette habitante de la commune.

Odette Simonneau répète le texte de la la pièce "Je me suis tue", mis en scène par Jean-Claude Drouot

Elle a décidé de remonter sur les planches en novembre 2018 pour son anniversaire, ses 90 ans… Aujourd’hui, à 91 ans et quelques mois, elle continue alors qu’elle ne voit plus très bien, mais la mémoire, mais le métier, mais le plaisir de jouer, mais les émotions sont toujours au rendez-vous.

Je me suis tue, c’est le monologue de Momone au retour des funérailles d’Amédée, son mari. Elle se remémore sa vie auprès de lui, les bons moments, les mauvais. Amédée était un ouvrier, un syndicaliste, solidaire des camarades, mais pas toujours tendre avec elle, loin de là. Près de lui, la vie de Momone n’a pas toujours été rose. Une vie simple, rude, dure parfois. Une vie de taiseux et de taiseuse. Aujourd’hui, elle parle et ses mots charrient de la rancœur mais aussi de l’émotion, de l’impudeur, mais aussi de l’amour, du drame mais aussi de l’humour.

Aujourd’hui elle parle et c’est poignant.

Il ya le texte de Ricardo Montserrat, simple, beau, fort. Je n’y reviens pas.

Il y a la mise en scène de Jean-Claude Drouot (Thierry la Fronde pour ceux de ma génération), discrète, presque minimaliste, mais où la moindre intonation, le moindre geste, le moindre mouvement sont sublimés.

Et puis il y a l’interprétation, toute en finesse, toute en intériorité, d’Odette Simonneau. Elle tourne à petits pas autour du lit qu’elle fait à petits gestes. Elle chante des rengaines populaires des années 30. Elle raconte son homme, son infidélité, son alcoolisme, ses difficultés à aimer. Elle se raconte, ses envies, ses rêves, ses frustrations. Elle prend la parole avec ses mots, des mots crus, jamais vulgaires. Elle parle, elle, habituée à se taire, elle qui, une grand partie de sa vie, s’est tue.

A la fin du spectacle, elle sort de la scène avec la bicyclette qu’Amédée aimait, qu’Amédée montait, elle. Alors la salle se lève, applaudit à tout rompre Odette-Momone qui revient saluer un public qu’elle ne voit pas mais dont, sûrement, elle sent la chaleur.

Et on se dit que l’âge ne fait rien à l’affaire, quand on est bon on est bon.

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  • Il s'agira de donner des avis sur des lectures et sur des événements culturels en général. Mais des éléments portant sur l'actualité ou sur des voyages ne seront pas oubliés. Le tout, si possible, avec de l'humour et de l'humeur.
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