Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
les mots de Momo
11 décembre 2014

TIMBUKTU

Que dire de ce film ? Sinon que, comme toutes les grandes oeuvres, il allie ce que l'on a coutume d'appeler le fond et la forme.

Le fond : Le Nord du Mali en 2012. La cité millénaire de Tombouctou occupée par les djihadistes qui y font régner une terreur aussi absurde que cruelle.

La forme : Abderrahmane Sissako a eu l'idée d'imbriquer le destin d'une harmonieuse famille touarègue dont la vie bascule à la suite d'un meurtre à des séquences montrant la vie quotidienne dans la ville sous le contrôle des fous d'Allah.

Et ça donne des images d'une force, d'une cruauté d'autant plus impitoyables que la caméra est plus dans la suggestion que dans la démonstration.

Des images, également, d'une sérénité bafouée, d'une beauté déchirante et déchirée, parfois d'un humour aussi noir que les desseins des occupants. Ah ! Ce match de football sans ballon !

Sous une apparence lumineuse le film est complexe. D'où viennent ces djihadistes dont certains parlent en arabe, d'autres en bambara, d'autres encore en tamasheq, quand ce n'est pas en français ou en anglais ? D'où viennent-ils, ces combattants qui ne se comprennent pas entre eux, même leur arabe n'est pas le même ? Qui sont-ils ? Quelle cause défendent-ils ? Le savent-ils eux-mêmes ? Eux qui interdisent le football mais se disputent à propos de Zidane et de Messi, du PSG et du Barça. Eux qui condamnent la cigarette mais de cachant pour fumer. Eux qui veulent que les femmes se voilent, portent chaussettes et gants mais les convoitent en secret. Eux qui n'ont qu'Allah à la bouche et la Kalashnikov à la main.

C'est toute la question de la religion, de toute religion, de toute intoléranceque soulève ce film, mais aussi celles de la fatalité qui annihile toute rébellion, de la liberté, de la vie, de ce qu'on veut en faire. Questions on ne peut plus actuelles là-bas, comme ici. Comme partout.

Et tout cela dans une forme qui fait de Timbuktu un poème d'une terrible beauté. 

Un poème à voir. Absolument.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Momo, comme prévu je suis allée voir, et quand je dis voir, c'est un bien petit mot .. en regard de l'émotion qui m'a tiraillée du début à la fin .. tant par la beauté des images, la douceur et la violence, la drôlerie en filigrane, l'immensité du propos. Je le reverrai comme tous le films qui m'ont percutée, chaque détail est une bombe, et je n'ai pas encore la satiété de ce monument bouleversant ... Christine
Répondre
M
bonjour Momo<br /> <br /> J'ai en effet beaucoup apprécié la poésie de ce film , mais je me suis interrogée en sortant de la séance sur le parti pris de violence presque cachée, et en recherchant sur internet j'ai trouvé ce commentaire qui me semble intéressant pour la mise en perspective<br /> <br /> http://blogs.rue89.nouvelobs.com/rues-dafriques/2014/12/22/le-probleme-avec-timbuktu-le-film-dabderrahmane-sissako-233966<br /> <br /> Marie-Hélène<br /> <br /> Bonne année 2015 à TOUS
Répondre
M
Béa, J'ai entendu la chronique de Nicole Ferroni, très subtile dans sa métaphore. J'ai par contre du mal avec son débit de kalashnikov. Mes oreilles ont du mal à suivre.
Répondre
B
J'ai l'intention d'aller voir ce film. En attendant, je conseille de voir ou revoir la chronique de Nicole Ferroni sur France-Inter, d'hier mercredi 8h.55. L'invité était justement A.Sissako qui a été visiblement très ému et enchanté par cette chronique excellentissime!<br /> <br /> Béatrice Roussel
Répondre
les mots de Momo
  • Il s'agira de donner des avis sur des lectures et sur des événements culturels en général. Mais des éléments portant sur l'actualité ou sur des voyages ne seront pas oubliés. Le tout, si possible, avec de l'humour et de l'humeur.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité